La planète des singes : Le Nouveau Royaume
Continuité du reboot de la saga inaugurée en 2011 par Rupert Wyatt, le quatrième volet de Wess Ball s'inscrit dans une lignée. Mais que vaut son La planète des singes : le nouveau royaume ?
CINÉMA
5/29/20244 min read


Une planète ravagée par un virus
D'emblée un message nous informe que l'humanité a été ravagée par un virus qui atrophie la cognition des malades, les rendant inertes, bébêtes, en un mot, les débilisant. Seuls de rares survivants ont survécu. Où vivent-ils ? On ne sait. Seuls les singes sont imperméables aux méfaits de cette maladie, faisant d'eux la seule espèce, à grande échelle, à régner sur cette planète. La saga n'a jamais si bien porté son nom.
Que reste-t-il de l'humanité, donc ? que reste-t-il de ses traces ? de son empreinte ? de son héritage ? Comme l'illustration ci-dessus le montre, les seules traces qui témoignent de son passage ici-bas sont les buildings maintenant verdoyants. Les routes sont cahoteuses ; les infrastructures abandonnées ; les véhicules rouillés ; les pôles urbains, autrefois centre névralgique de la société humaine, ne sont désormais plus que des ombres. C'est dans ce paysage apocalyptique que les singes vivent en communauté.
Une planète des singes fracturée
César, et ce n'est pas un spoil puisque c'est la scène d'ouverture, est mort. Il ne reste quasi plus rien, à lui aussi, de son héritage. Un héritage cette fois non pas matériel, mais spirituel. Alors qu'autrefois il était le leader incontesté de sa race, qu'il était écouté, admiré, craint, recherché dès le moindre problème, voilà que son absence cause bien des torts à son espèce.
En effet, on l'apprend en suivant le jeune Noa, un chimpanzé ordinaire, que la société des singes n'est, elle aussi, plus que l'ombre d'elle-même. Vivant dans leurs villages respectifs, sans plus aucune fraternité en dehors de leurs frontières, ils se méfient de tous, et ne sortent de leurs bases que pour se nourrir, pêcher ou chasser des œufs d'aigles. Bizarre, n'est-ce pas ? C'est qu'en réalité Noa, sa sœur Soona et son frère Anaya doivent, selon les coutumes de la tribu, récupérer un oeuf afin d'élever le bébé pour en faire un aigle chasseur, un aigle qui se lie, dans un pacte tacite, avec son dresseur. Le dresseur en chef justement, c'est le père de Noa, Koro qui, dans son perchoir, garde et veille sur chacun des oiseaux.
Jusque-là, tout a l'air, tout de même, d'aller pour le mieux. Sauf que les choses ne s'arrêtent bien évidemment pas là. Un soir Noa sort de son village suite à une mystérieuse présence, et croise, au milieu de la végétation, les troupes de Proximus César, le grand tyran qui se sert du message spirituel de César pour s'accaparer le pouvoir. Agressives, ces troupes neutralisent chaque intru, et pillent chaque village. C'est ainsi que Noa voit son destin brisé. Tout ce en quoi il croyait se brise devant lui, sous ses yeux. Sa maison prend feu, le perchoir de son père Koro s'écroule, et la violence, s'exacerbant, lui fait comprendre qu'il est indirectement le coupable, lui qui s'est aventuré tardivement hors de ses bases. Lui reste donc, s'il veut se venger, retrouver les criminels.
Une écriture sommaire
Dès les premières minutes du film, on l'a senti. On ne pourrait l'expliquer, mais l'intuition nous a dit que quelque chose ne nous conviendrait pas. Quoi, exactement ? on ne le savait pas encore, car nous restait à le découvrir. Quoi qu'il en soit, la première heure nous a paru terriblement longue, presque sans intérêt, dans un but presque méditatif. On assiste à la récolte des œufs, à la vie du village, aux relations familiales, aux rôles que chaque personnage tient, d'accord, mais, du reste, cette première heure est peu rythmée, peu intéressante ; si bien qu'on se demande quels sont les enjeux réels du personnage principal ?
Et c'est là, à notre avis, le gros point noir de ce nouveau La planète des singes. L'écriture, quoique propre, quoique scénaristiquement viable, est trop, beaucoup trop sommaire : on devine les rebondissements, on pressent les réactions des personnages, voire certaines répliques, et l'histoire, en elle-même, est trop générique. Car en fait sur quoi tient le scénario de ce quatrième volet ? Si l'on se montrait piquant, on dirait sur un ticket de caisse. Quand on sort de la salle, on se rend compte que le fond de l'histoire ne tient qu'à une vendetta et une rencontre qui laisse finalement indifférent, et que ni le virus, ni l'après César ne sont profondément abordés. Le monde dans lequel se développe Noa parait vide, sans relief, sans autre importance que sa propre survie. Et c'est, selon nous, dramatique pour une œuvre de fiction. Là où les Origines mêlait l'épique à l'ordinaire, là où il évoquait plusieurs thèmes passionnants tels que la science, la famille, la différence ou encore l'évolution personnelle, Le nouveau royaume, semble, lui, n'être pensé, structuré que sur une vengeance familiale.
Néanmoins, ce qui contrebalance nettement cette faiblesse est le contenu photographique et technique. Les plans sont beaux, les décors somptueux, immergeant bien comme il faut dans ce monde post-humain, et la motion picture, encore au rendez-vous, est techniquement maitrisée. Rien à dire. Mais c'est, on trouve, quelque peu faible pour un film de presque 2H30 !
La planète des singes : le nouveau royaume, à voir ou à éviter ?
N'exagérons rien tout de même ! Un, cette critique n'engage que nous ; deux, c'est un film d'une des sagas les plus légendaires du cinéma ; trois, c'est, on l'a dit, techniquement impeccable, et d'une photographie est tout aussi impeccable ; quatre enfin, c'est, malgré des longueurs et une superficialité évidentes, un film agréable à visionner. Bon, les personnages sont, là encore, superficiels, en rien transcendants, en rien profonds, et ne transmettent aucune émotion là où, justement, César et ses frères d'armes en transmettaient, mais c'est un film divertissant qui offre, malgré tout, un joli spectacle. Après, c'est à chacun de se forger sa propre opinion, mais si vous avez envie de vous offrir un samedi soir ou un moment de détente entre amis, alors La planète des singes : le nouveau royaume saura vous ravir.















