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Oscar Green, une inspiration d'Oscar Wilde signée America Grace

L'autoédition est souvent décriée. Bien souvent, c'est justifié ; mais il y a aussi de belles trouvailles, de bons auteurs avec un bon style et de belles histoires qui méritent d'être plus connus. America Grace, créatrice d'Oscar Green, est de ceux-là.

LITTÉRATURE

7/26/20245 min read

Logo America Grace
Logo America Grace

L'autoédition, alternative au monde éditorial classique

Une alternative en effet, car quand les éditions traditionnelles ne font plus leur travail ; quand elles préfèrent publier des niaiseries qui vont dans le sens du vent, de la déconstruction, du nihilisme ; quand elles jugent une œuvre, quelle qu'elle soit, trop riche, trop émotionnelle, trop captivante ; quand elles cataloguent un auteur ou un roman comme dangereux pour l'ordre établi tant littéraire que politique ; quand l'écriture est trop travaillée, pas assez terne, désastreuse, sans souffle, sans musicalité, sans rythmique ; et quand, enfin, l'auteur n'est ni l'amant, ni le cousin, ni le frère, ni la sœur, ni le fils ou la fille, en somme, qu'il n'est pas privilégié par le népotisme, alors cet auteur, tout talentueux qu'il soit, tout légitime qu'il soit, tout respectueux de la littéraire qu'il soit, est refusé de toute part, encaissant des refus illégitimes, inexpliqués, ouvrant des courriers dont les explications tiennent en deux lignes - deux lignes imprimées à la pelle évidemment, et deux lignes envoyées à tous les refusés évidemment -, et, doutant de lui, remet en cause son travail, sa pertinence, son style, son imagination, jusqu'au temps où, ne pouvant vivre sans écriture, car véritable poète, il prend le taureau par les cornes, et poursuit sa voie, bon gré mal gré. Ainsi l'autoédition. Ainsi America Grace qui a constamment été étiquetée comme une romancière au style "désuet", inutile dans notre siècle. Justifié ?

Oscar Green

Non, injustifié. Pourquoi une telle mise à l'écart, dans ce cas ? Nous l'avons dit plus haut, mais, surtout, America Grace, en l'occurrence, et nous lui avons déjà partagé en message privé, est douée d'une plume estampillée XIXe siècle. Frappant est la ressemblance. N'allez pas vous imaginer qu'elle plagie Alexandre Dumas, Charles Baudelaire, Alfred de Musset, Victor Hugo et consort - non ; elle trace son chemin, suit sa voix intérieure, la mélodie de son cœur, la cadence de ses doigts, et produit un texte qui sonne XIXe siècle. Tenez, jugez par vous-même : "La veille, tandis que l'Angleterre saluait, le cœur en peine, le dernier jour d'un mois d'août, l'obscurité grandissait, accueillant en son sein un épais rideau de brouillard gris. Il avait oblitéré les contours difformes de la ville, dissimulant ses douloureux soupirs aux murmures de la nuit enténébrée."

Tout le texte est nimbé de cette écriture sucrée, gourmande, révolue aujourd'hui dans notre littérature contemporaine, elle qui se vautre dans le risible, la petitesse et le ridicule. Mais concrètement, de quoi parle Oscar Green ? L'influence majeur de ce roman est Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde. Cela se sent d'entrée par sa tonalité sombre, mystérieuse ; et ce sentiment ne s'amplifie que plus à mesure que les pages se tournent, se frottent, s'empilent pour nous happer dans l'histoire d'Oscar Green, ce beau vingtenaire au cœur de velours, au physique des plus avantageux, toujours costumé, finement peigné, au visage poupin qui ravit chacune de ses fréquentations et qui, le jour, vit de sa sociabilité, fréquente les salons, serre la main aux hommes importants, et qui, la nuit, la nuit tombée, se transforme en une entité séduisante qui ensorcèle les femmes et les demoiselles. Oscar Green est un jeune homme épris de lui-même, qui ne jure que par sa beauté, son orgueil, sa réussite, l'admiration que lui porte sa compagnie, et bien plus encore : l'admiration qu'il se porte. Le soir, nous l'avons dit, il séduit la gent féminine ; mais le soir, surtout, il ôte le masque de la séduction, des taquineries, de la duperie, et enfile celui du cauchemar. Se perdra-t-il dans les méandres du moi ?

C'est donc un roman fort plaisant à lire en raison de son style bien sûr ; de son rythme cinématographique, où les scènes s'enchainent sans que l'on s'aperçoive de rien ; où Oscar Green mute sous nos yeux sans que l'on puisse faire quoi que ce soit. Bémol cependant, nous aurions aimé une profondeur psychologique davantage poussée ; un personnage principal plus travaillé émotionnellement, car sans pour autant tomber dans la froideur pure et dure, il y a des passages où Oscar Green et les autres caractères nous ont paru légèrement artificiels. C'était, visiblement, une volonté d'America Grace que de se focaliser sur Oscar Green, et quoi que cela s'entend, est pardonnable, il eût fallu, donc, selon nous, compenser cette carence par un personnage principal plus complexe encore.

Gros plus sur l'édition reliée, limitée à 300 exemplaires, absolument mirifique ! L'objet livre, la texture de la couverture, dont le rouge lui sied si bien, la qualité du papier, le signet, la jolie dédicace dorée sur fond noir nous montrent, mais nous le savions déjà vue sa page Instagram, qu'America Grace a le soucis du détail, et qu'elle aime, tout comme son écriture, soigner sa présentation.

Oscar Green, d'America Grace

Du reste, nous vous laissons l'engouement de la découverte. Nous vous conseillons grandement de lire cet ouvrage, et ce, pour plusieurs raisons : un, America Grace est une romancière contemporaine certes, mais d'un "autre siècle" comme elle aime se décrire ; deux, en lien direct avec ce premier point, elle créé des œuvres qui s'affilient directement avec ses maitres, avec la grandeur du phrasé, la rareté des adjectifs, et une douceur du verbe succulente ; trois, c'est un roman quelque peu actuel dans notre siècle où les apparences extérieures suffisent à plaire au monde, loin de se douter qu'elles sont bien éloignées des apparences intérieures ; quatre, c'est un sujet, le narcissisme, des plus actuels ; cinq, c'est un roman gothique dont l'action se déroule à la fin du XIXe siècle londonien ; six enfin, America Grace est autoéditée, et ce serait un vrai soutien, une vraie preuve de confiance, un vrai baiser sur ses joues que de se laisser tenter par Oscar Green, et accessoirement ses autres ouvrages. Nous ne le répéterons jamais assez : dès lors que Paris refuse un texte pour motif qu'il est "désuet" ou guère à "l'ordre du jour", c'est que cela est au contraire digne d'intérêt. L'inversion : ce qui est mauvais pour Paris est en réalité bon ; et ce qui est bon pour Paris est en réalité mauvais, pour ne pas dire exécrable. Soutenons donc America Grace, félicitons-la de son courage, de son abnégation, de sa dévotion à l'art littéraire, et permettons-lui de vivre de sa plume - elle qui le mérite tant.

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