Que vaut le préquel Furiosa : Une saga Mad Max ?
Mad Max : Fury Road avait éteint toute concurrence lors de sa sortie, mais son successeur, ou plutôt son préquel sur Furiosa, fait-il aussi bien ? (Semaine spéciale "fête du cinéma")
CINÉMA
7/1/20244 min read


Un préquel sur les origines de Furiosa
Furiosa est née dans un Eden. Son milieu naturel, contrastant fortement avec le reste de la Désolation, est un paradis au milieu du chaos. C'est un endroit où l'herbe pousse, où l'eau y est abondante, où des éoliennes alimentent en électricité la communauté, et où les habitants vivent de choses simples : cueillette, forgeage, labourage. Evidemment, cet Eden attire l'attention, et le film s'ouvre sur des brigands attachés à Dementus - lequel est comme un roi entouré de sa cour -, qui, voulant s'élever à ses yeux, voulant enfin être crus, explorent cet Eden. Furiosa, qui se trouvait là, cueillant une pêche, est capturée. Elle représente un gage de confiance auprès de Dementus, car elle incarne la véracité de cet Eden ; ainsi ils ne seront pas pris pour des fous, et cet Eden, bientôt, sera sous les mains de Dementus. Telle est donc l'ouverture du film. Telle est l'intrigue principale : Furiosa est enlevée, très jeune, de sa terre natale, et alors, très jeune, témointe d'un drame, elle se silenciera, et se promettra une vengeance hors pair, une traque qui ne prendra fin qu'à la mort de Dementus. Tel est le sens qu'elle poursuit dans un monde apocalyptique, profondément nihiliste.
Furiosa : Une saga Mad Max
Dure, très dure responsabilité que de succéder à Mad Max : Fury Road, lequel, il y a presque dix ans, avait fait l'unanimité absolue, bouleversant tout le monde, choquant les fans du septième art par son rendu grandiose, bien aidé par son tournage grandeur nature au beau milieu du désert australien, ce qui rendait une impression de gigantisme époustouflante. Ici, Furiosa n'est pas au même niveau. C'est l'une des premières choses, d'ailleurs, qui saute aux yeux. Dans l'une des premières scènes par exemple, Furiosa essayant de s'échapper de l'embuscade des hommes de Dementus, l'on voit un fond vert assez vulgaire, avec un effet de lasso trop superficiel ; de même lorsque le nain sort de la citerne du camion et que l'on voit, derrière lui, le trucage, il faut le dire, assez tchip. C'est ce point qui, tout au long du film, est, selon nous, le plus gros défaut de Furiosa : Une saga Mad Max : les effets spéciaux. En effet, alors que dans Fury Road tout était naturel, filmé en temps réel, ici, dans Furiosa, on perd ce côté réaliste, cascadeur, car les moments les plus épiques sont tournés en studio, sur fond vert, avec des effets spéciaux, on le redit, assez laids. Et si cela peut paraitre dérisoire dit comme cela, nous tenons à préciser que c'est fort important pour un film de science-fiction. On est loin, par exemple, du CGI de Pirates des Caraïbes avec Davy Jones.
Du reste, on est sur ce que George Miller a fait de mieux dans Fury Road : la narration est ciselée, prenante, super bien découpée, sans lourdeurs ni faux rythme, car le rythme justement est assez dingue : les scènes sont courtes, intenses, et les phases d'action, comme dans Fury Road, sont dopées aux pots d'échappements, aux pneus, aux bécanes, et, par instants, c'est comme si l'on sentait la transpiration des acteurs, la virilité des pourchasseurs, l'odeur des lieux les plus insalubres. L'immersion est folle, et la musique, se couplant au rythme, au montage, apporte ce grondement, ces percussions, cette tension tout au long du film, appelant, décuplant ou gardant l'intensité selon les moments.
Et bien sûr, il y a cette touche propre à la saga Mad Max : la violence, le gore, le glauque. Chacun sait que cet univers est particulier, très spécial, mais chacun sait que c'est là sa marque, son style, et ici le style est parfaitement respecté, car outre la musique, le rythme et l'action haletante, le sang, la pourriture, les corbeaux, les mouches, les membres déchirés ajoutent du désespoir à la Désolation. Comment ne pas penser à ce court passage lorsque Furiosa se réveille chez une femme cannibale, recluse dans les tréfonds de la Citadelle et que la caméra fait un gros plan sur un pied, un bras, une rotule rongés par des asticots et que la femme brise comme des os de poulet ?
Furiosa : Une saga Mad Max, un préquel réussi ?
Oui, il est réussi. C'est pour nous une très belle réussite, et même s'il floppe - ce qui, visiblement, ne fait pas les affaires de Mad Max : The Wasteland -, et même s'il n'est pas aussi déjanté, monstrueux, impressionnant que Mad Max : Fury Road, il reste tout de même un film agréable à voir, et mieux, il reste un film à voir. D'autant que c'est un préquel narrant l'histoire principale de Furiosa, héroïne incarnée par Charlize Theron dans le Mad Max de 2015, et qui est dans la continuité des aventures conclues dans ses origines, lorsqu'elle s'enfuit de la Citadelle avec un groupe de femmes pour rebâtir l'Eden de son enfance. Et même s'il y a certaines facilités scénaristiques, lorsque notamment Furiosa dévoile sa fémininité, et que cela ne semble pas gêner outre mesure dans une société masculine, étant même reçue par Immortan Joe, c'est un film de haut niveau qui, assurément, retiendra votre attention si vous êtes un fan de la saga, ou simplement un curieux qui, en le visionnant, aura peut-être le désir de découvrir les films précédents. D'autant que le générique, très organique, très bien mené, fait clairement le parallèle entre les deux, nous frustrant d'une certaine manière, car, de suite, l'on a qu'une envie : en voir plus, retrouver Tom Hardy dans la peau de Mad Max.











