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Reservoir dogs : quand Tarantino lâche les chiens

Premier film du célébrissime Quentin Tarantino, que penser, du haut de son casting de haute volée, de son intrigue et de ses rebondissements, de Reservoir Dogs ?

CINÉMA

5/1/20244 min read

Steve Buscemi et Harvey Keitel dans Reservoir dogs
Steve Buscemi et Harvey Keitel dans Reservoir dogs

Et Reservoir dogs créa Quentin Tarantino

Premier film du réalisateur américain, à l'époque âgé de vingt-neuf ans, Reservoir dogs est sorti en salle en 1992. Sur le papier, que l'on s'y détrompe pas : il avait tout du casse-tête. Malgré un casting ultra séduisant (Harvey Keitel, Steve Buscemi, Michael Madsen, Tim Roth, Chriss Penn), la réalisation de Tarantino était avant tout un projet estampillé "cinéma indépendant". Aucune grosse production ne soutenait ce film, raison pour laquelle, sur le plan financier, Reservoir dogs est le plus gros flop de la carrière "tarantinienne", générant seulement 2.9millions de dollars. Oui, c'est tout. Pourtant, c'est là le début d'une légende.

Et Quentin Tarantino créa un mythe

Seulement c'était sans compter le génie déjà visible de Quentin Tarantino, qui, comme souvent dans le reste de sa filmographie, apparait déjà dans son propre film. Comme un clin d'œil, un peu comme s'il était encore derrière la caméra, c'est lui qui ouvre le film dans une scène où les personnages, attablés dans un café, l'écoutent tout en fumant et rigolant. Lui, Mr. Brown, établit un lien entre les pulsions sexuelles de Madonna et son titre Like a virgin qui, selon lui, est une métaphore à peine dissimulée au membre bien raide et bien épais de l'étalon qu'elle se farcit au lit, et qui, lui faisant plaisir autant que mal, la renvoie à ses débuts, lorsqu'elle était vierge et que la douleur côtoyait le plaisir. Oui, c'est aussi plausible qu'absurde, n'est-ce pas ? C'est du Tarantino, ne l'oubliez pas. C'est un habitué et du salace, et de l'humour gras.

Après des rires tout aussi gras, chacun tire sur sa cigarette, inhale, crache de la fumée, boit un petit coup, et c'est alors que s'ensuit un débat sur l'importance du pourboire entre Steve Buscemi (Mr. Pink) et Harvey Keitel (Mr. White) : le premier est contre, arguant que c'est là la réalité du métier de serveur ; le second est pour, arguant, quelque peu irrité par la déconsidération du premier, que c'est une aide non négligeable pour arrondir les fins de mois, contourner quelque peu les impôts et récompenser les employés pour leur service. Puis le clan sort du café. Lancement du générique.

Générique à peine fini que les geignements de Tim Roth (Mr. Orange) nous interpelle. Il pisse en effet du sang, et alors que Mr. White le conduit à la planque, point de ralliement de l'équipe après le braquage, voilà qu'apparait Mr. Pink, seul et paniqué, tentant de savoir ce qui a bien pu merder dans leur plan, comment les flics ont pu si vite dégainer et si vite rappliquer, qui les a rencardés, et, surtout, qui est la taupe dans l'affaire, car si les flics ont été mis au parfum aussi rapidement, c'est bien qu'il y a une taupe, n'est-ce pas, et s'il y en a une, il faut l'identifier i-mmé-dia-te-ment.

L'apparition remarquée et remarquable de Michael Madsen, alias Mr. Blonde

Tout comme le générique, son apparition est organique, naturelle, sans brutalité. Alors que Mr. White et Mr. Pink s'expliquent, et que le premier, du haut de son expérience, tentent d'apaiser le second, voilà que la caméra tourne, englobe l'entièreté de la scène, et voilà, qu'un moment, elle dévoile un nouvel entrant, là, appuyé contre un pilier en béton, lunette de soleil sur le nez, en costume : Mr. Blonde. Baraqué, confiant, hautain, il s'aime, s'écouter parler, se regarde marcher, mais cela fait son caractère, et dès lors qu'il entre en scène, le film, lui, prend une autre tournure : le rythme s'accélère, des flashbacks nous dévoilent la création de l'équipe de braqueurs, contactés ici par Lawrence Tierney (Joe Cabot). Chaque personnage présente des caractéristiques recherchées et complémentaires, certains plus expérimentés que d'autres, mais tous, selon l'organisateur du braquage, ont quelque chose d'unique à apporter.

Quentin Tarantino a-t-il préfiguré La casa de papel ?

Avec Joe Cabot en effet, la similarité se révèle au grand jour : la tête pensante, tel Le Professeur, n'a recruté que des inconnus qui, par cela même qu'ils se méconnaissent et ne savent rien, strictement rien des uns des autres, même des plus grandes banalités, hermétisent intégralement la confidentialité de chaque intervenant ; et tout comme dans La casa de papel, Joe Cabot ne choisit pas de nommer ses braqueurs par des villes telles que Tokyo, Helsinki, Berlin, Stockholm, non, puisque lui ses surnoms s'inspirent des couleurs : Mr. Brown (marron), Mr. Pink (rose), Mr. White (blanc), etc.

Mais ici, à contrario de la célèbre série Netflix, pas d'action, d'explosion, de sacs remplis de liasses ou de bijoux, puisque tout, en Reservoir dogs, tient dans les interactions entre les braqueurs, ou, plutôt, leur braquage raté. Chacun intervient, dit le mot qu'il a à dire, les suspicions qu'il a dans son esprit, et tandis que les rôles participent à la symphonie, l'intrigue se développe, les rebondissements nous tiennent en haleine, nous surprennent et liquident ceux à liquider, de sorte qu'à la fin, tout comme Les inflitrés de Martin Scorsese, il n'en reste qu'un. Un qui repart avec le magot.

Un mot avant la fin

On l'a dit, Reservoir dogs est le tout premier film de Quentin Tarantino, celui par lequel il pénètre l'industrie du cinéma ; celui par lequel il marque les esprits des cinéphiles d'hier comme d'aujourd'hui, car malgré son budget restreint, il s'offre, de un, un casting d'exception, et, de deux, signe un rendu extrêmement prometteur et par sa tension, et par son rythme, et par sa narration, et par sa structure, et par sa musique, autrement dit la marque, déjà, du style Tarantino ; celui par lequel, enfin, il introduit le reste de son oeuvre cinématographique qui, des décennies durant, autant par sa diversité que par ses réalisations remarquables, époustouflera les amateurs de grand écran. Allez, générique.

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