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Salammbô, Gustave Flaubert

Salammbô est l'un des romans majeurs de Gustave Flaubert. Que vaut-il ? que raconte-t-il ? que retenir de cette œuvre classique dans notre patrimoine littéraire ?

LITTÉRATURE

8/23/20244 min read

Salammbô, un roman oriental

Dans notre littérature nationale, laquelle privilégie généralement des récits européens, ancrés dans une culture chrétienne, avec des références gréco-romaines, rares sont les romans qui explorent des contrées différentes de la notre ; des contrées lointaines pour l'époque, fortement opposées dans les mœurs, les us et coutumes ; des contrées révolues, difficilement accessibles au XIXe siècle ; pourtant, c'est le projet suivi par Gustave Flaubert dans Salammbô : narrer la première guerre punique opposant Carthage, défendue par les troupes d'Hamilcar, à la grande armée Barbare menée par Mathô.

Salammbô, de Gustave Flaubert

Avant toute chose, nous précisons que c'était là notre premier Gustave Flaubert. Nous ignorions, auparavant, hormis quelques extraits lus ça et là, tout de son style et de son œuvre. Et le bilan, après cette découverte, c'est que nous n'avons certainement pas commencé par son roman le plus agréable.

Bien qu'abordable, bien que le phrasé soit maitrisé sur le bout des ongles, avec une précision lexicale remarquable, choisie au centimètre, sans rien qui déborde, et avec, qui plus est, très peu d'auxiliaires - preuve de la concision et de la densité du texte -, l'histoire de Salammbô ne nous a pas transportés. Nous le répétons : le style est grandiose ; mais la narration fut pour nous problématique. Pourquoi ? Car bien que les batailles se succèdent, bien que l'action soit très présente - ce qui nous a d'ailleurs fort surpris, nous qui nous attendions à une approche plus méditative -, nous avons eu l'impression, la désagréable impression de lire encore et encore les mêmes scènes, les mêmes descriptions, les mêmes enjeux. Fort vite nous nous sommes aperçus que l'intrigue était quasiment reléguée au second plan tant l'ambition de Gustave Flaubert était de projeter son lecteur dans un roman historique, où la dimension documentaire prend le pas sur la dimension romanesque. Hélas, cela se ressent trop - beaucoup trop.

Même si les lances, les catapultes, les arbalètes, les remparts, les sièges, les épées, les boucliers, les éléphants, les lions, les hyènes, les corbeaux, les aigles, les couteaux tâchaient de sang les pages qui s'accumulaient ; même si le désert assoiffait les soldats barbares ; même si les banquets et les décors étaient décrits avec une précision d'orfèvre, comme si Flaubert était un réalisateur qui déposait la caméra sur le moindre détail ; même si l'ambiance orientale était subjuguante, la sensation d'être directement plongés dans le Carthage d'antan, marchant dans ses ruelles pavées, humant les odeurs d'encens, d'épices, d'herbe aromatiques, de thés, de viandes, de poissons, de semoule, de fruits et légumes ; le rythme, encore une fois, était d'une lenteur fort peu appréciable. C'était comme si Flaubert se moquait ouvertement de l'intrigue, qu'elle n'était qu'un prétexte, et que sa seule motivation, justement dissimulée sous ce prétexte, était d'empiler les corps, de couper des gorges, de transpercer de flèches la soldatesque de Mathô, Hamilcar et Narr'Havas.

Surtout, le point sur lequel nous avions de très grosses attentes, concernait la psychologie des personnages, l'emprise émotionnelle qu'ils auront sur nous - autant vous dire que la déception fut grande. Grande car, sur ce point encore, Gustave Flaubert ne s'est appliqué sur rien. Les personnages, bien que présents - heureusement ! -, ne sont que des marionnettes qui servent les projets de l'auteur : ils n'ont aucune ampleur, aucune épaisseur, ne dégagent absolument aucune énergie, étant presque interchangeables tant, mis à part leurs prénoms, ils sont indissociables. Salammbô pourrait s'appeler Samira ou Aïcha, ce serait la même chose ; idem pour son père Hamilcar qui incarne ce général d'armée courageux, patriote, protecteur de son peuple ; idem pour Mathô, qui incarne, lui, le conquérant intrépide, guidé par la haine et le désespoir.

Et si nous avons été tant déçus par Salammbô, c'est que nous nous attendions, en lien avec notre feuilletage, à une exploration soutenue de la religion barbare, des rites sacrificielles envers les dieux Moloch et Baal, à une dualité dans le cœur de Salammbô, tiraillée entre son désir d'asseoir, via sa beauté et sa virginité, son aura sur le peuple carthaginois, et son désir de se libérer de ses contraintes, de vivre librement, avec amour, loin de la barbarie de sa cité. Rien de tout cela. Sur le papier Salammbô était fascinant, mais, dans le fait - en tout cas selon notre ressenti -, c'est une déception : tout s'articule autour de la guerre, ou presque. Conséquence de quoi, durant notre lecture, indifférent au sort des protagonistes, nous nous moquions éperdument de savoir s'ils allaient périr ou survivre, réussir leurs vues ou échouer. Nous tournions les pages, las, avec une exaspération qui ne nous lâchait pas : les personnages, décidément, étaient vraiment inexistants. Sans connexion émotionnelle, comment s'attacher à eux ? Et sans attache, comment s'immiscer profondément dans le roman ? Impossible.

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Salammbô : conclusion

Si les décors sont somptueux, cinématographiques - moins aujourd'hui car de nombreux films évoquent ce genre de batailles monstrueuses -, et si le style de Flaubert magnifie davantage les palmiers, les canaux, la blancheur du marbre, la grandiosité des palais, l'éclat des dorures et la luminance du soleil, il est vrai, toutefois, que son récit souffre d'un manque de rythme conséquent, pour ne pas dire insoutenable. L'intrigue ne tient sur rien, n'est qu'un prétexte ; il n'y a aucun suspense, aucun rebondissement ; et les personnages, bon dieu, sont évidés de toute substance. Vous l'aurez compris, Salammbô n'est absolument pas la meilleur porte d'entrée dans l'œuvre, sans doute, nous ne désespérons pas, magistrale de Gustave Flaubert. Et vous l'aurez compris, il ne restera pas dans notre mémoire - du moins positivement.

Salammbô, Gustave Flaubert
Salammbô, Gustave Flaubert

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