The Bikeriders : Tom Hardy et Austin Butler enfilent le cuir
The Bikeriders est l'un des films à l'affiche en ce fin de premier semestre 2024. Le pitch ? Johnny, fan de moto, décide un beau jour de créer son club de motard : les Vandals. Suffisant pour nous maintenir en haleine ? Eléments de réponse.
CINÉMA
7/10/20244 min read


Les Vandals, un club de motards
Tout commence quand Johnny (Tom Hardy), un soir, chez lui, entouré de sa femme et de ses enfants, visionne un film. Un film qui le marque. Une réplique qui, en lui, fait mouche. Il la répète, cette réplique. Il la pense, la médite, l'écoute en lui-même. Elle fait écho en lui. Au début, c'était un club de bikers tout à fait classique, avec l'image extérieure que l'on peut avoir : des lourdauds se rassemblent autour d'une passion commune pour parler de leurs bécanes, pour parler cambouis, pneus, moteurs. L'ambiance suinte l'essence, le cuir, la viande grillée, la bière, la cigarette. Les relations sont gonflées à la testostérone ; les explications sont viriles ; les duels sont d'un autre temps, d'un autre âge tant ils semblent désuets de nos jours : tout membre a le droit a la parole, et tout membre, en raison de ce droit, a le droit légitime de défier Johnny, le président du club. Comment ? que dites-vous ? Le défier à la démocrate ? dans un débat ? Non, non, soyez sérieux. Ce n'est pas là un fonctionnement qui convient à de tels hommes. Eux, ce qui les motive, c'est la lutte. Et ici la lutte est claire : le combat physique. "Poings ou lame ?", comme le demande Johnny, cigarette au bec, tranquillement assis à une table sur laquelle, évidemment, trônent des verres à whisky.
Quand Benny rencontre Kathy, l'amour de sa vie
N'allez certainement pas vous imaginer un conte de fée ! N'allez certainement pas vous imaginer que, dès le premier regard, ils sont tombés dans les bras l'un de l'autre, car même si Kathy (Jodie Comer) a de suite remarqué Benny, et réciproquement, ce dernier est trop froid, trop distant, trop sauvage pour ouvrir son cœur à la première venue, et encore plus pour la jouer romantique, acheter des fleurs et tout le grand jeu. Ils se rencontrent au sein du club bien sûr, alors que Kathy avait un rendez-vous. Elle s'étonne d'ailleurs, se décontenance surtout, car autour d'elle elle ne voit que des balourds à l'odeur de transpiration, enfumés par leurs cigares ou leurs cigarettes, éméchés et braillards. Elle appréhende d'entrée, elle a peur de mal tomber, et quand bien même Johnny la rassure, elle ne lui fait pas confiance, et continue dans ses préjugés. Elle veut partir. Puis elle aperçoit Benny (Austin Butler). C'est là, pour elle, le coup de foudre. Ainsi donc s'amorce leur romance qui, tout au long du film, opérera comme fil conducteur pour développer la vie du club, la relation Johny-Benny (père-fils spirituels), et évoquer le début de la dégénérescence avec l'arrivées de nouveaux membres, de nouveaux chapitres, de nouvelles lois. Les Vandals changent, et Johnny ne peut rien faire pour arrêter ce changement. C'est désormais un engrenage qui rouille.
Jeff Nichols s'empare d'une histoire vraie
On ne peut y échapper. Kathy, dès le début de la projection, nous raconte son histoire au sein du club auprès de Danny Lion, un journaliste étudiant en photographie qui, plus tard, écrira un livre sur le sujet : The Bikeriders. La réalisation est donc bonne, dynamique, multipliant les va-et-vient entre les séquences d'interviews, et les souvenirs, ici l'histoire principale. A l'instar de n'importe quel bon interview, ces séquences sont introspectives, nous permettant de comprendre naturellement l'intrigue, et de mieux visualiser le découpage du film qui, du reste, est assez contemplatif. Alors que l'on s'attendait à un rendu un peu bourrin, c'est vrai, il n'en n'est rien. Pourquoi ? Car Johnny incarnait ce que l'on appelait alors "l'âge d'or de la moto". Un temps où l'on se réunissait pour prendre du bon temps, entre mecs, entre passionnés. Un temps où, même lorsque cela dégénérait, on respectait les règles, ne débordant pas certaines limites. Un temps où la hiérarchie, la fraternité signifiaient encore quelque chose, pour ne pas dire tout.
C'est après, au commencement des années 70, que le club vacille. Les vétérans du Vietnam rentrent au bercail, et traumatisés par ce qu'ils ont vu, traumatisés par l'horreur de la guerre, ils rentrent au pays sans plus aucune limite. Ils ne reculent devant rien, prennent l'horreur de la guerre comme une valeur commune, et, agissant comme tel, ils sont, dans leurs têtes, constamment en danger. Ce sont maintenant des êtres ravagés psychologiquement ; des déséquilibrés qui ne voient la lumière que dans les ténèbres, la confondant avec l'authentique, celle qui purifie, et qui, partant, ne voient leur salut que dans le pognon, le trafic de drogue, les fusillades, la prostitution, le viol, les règlements de compte. C'est là un monde nihiliste qui remplace le monde plus ou moins familial, paternel de Johnny. Il ne peut l'empêcher, ce bouleversement. Il fait partie du monde, n'est qu'un maillon parmi tant d'autres, et, en tant que tel, ne peut contenir les événements.


















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The Bikeriders, un bon film de deux heures
Une bonne réalisation ; une atmosphère reconnaissable, marquée, authentique ; un rythme plaisant, alternant les phases d'actions avec des phases plus philosophiques ; une bande-son rock'n'roll ; puis, bien sûr, un casting de renom : Tom Hardy, Austin Butler, Jodie Comer, Norman Reedus ; et donc, cela va de soi, des gueules, des vraies gueules charismatiques, bugnées, impressionnantes qui collent à l'écran, qui collent parfaitement à cet univers de motards ; oui, vous le comprenez, c'est une réussite que The Bikeriders, de Jeff Nichols. Et même si par moment on peut reprocher le manque de suspense, si, par moment, on sent un manque d'antagonisme, il faut vous prévenir que si vous aimez les bécanes, ou si vous êtes curieux, ou si, en bon cinéphile, vous êtes un inconditionnel de la série Sons of anarchy, de Kurt Sutter, alors il ne faut pas que vous hésitiez : voilà un film qui saura capter votre attention deux heures durant.