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Tu ne tueras point : Mel Gibson et le cinquième commandement

Inspiré d'une histoire vraie, Tu ne tueras point, sorti en 2016, permet à Mel Gibson de traiter d'un thème qu'il affectionne tout particulièrement : celui de la foi. Pari réussi ?

CINÉMA

6/5/20245 min read

Affiche Tu ne tueras point, de Mel Gibson
Affiche Tu ne tueras point, de Mel Gibson

Andrew Garfield est Desmond Ross

C'est une folie lui dit son père, du suicide lui dit sa mère, de l'absurde lui dit son frère, de l'irresponsabilité lui dit sa future femme, mais lui, Edmond Ross, s'en moque bien de toutes ces objections, car lui, ce qu'il veut, c'est s'engager. S'engager pour quoi ? Pour se sentir utile, pour contribuer à l'effort de guerre, pour apporter sa pierre à l'édifice. "Mais comment tu veux l'apporter ta pierre à l'édifice ? M'enfin, regarde-toi... tu te feras manger tout cru !", lui objecte encore une fois son père, un vétéran de 14-18. Et comment ne pas lui donner raison, pour le coup ?

Edmond Ross est un jeune homme au début de sa vingtaine. De la famille, il est le bien aimé, le gentillet, le sage, le timide, le maladroit, quand son grand frère est lui plus concerné, plus dynamique, plus confiant, plus casse-cou. Lui aussi s'engage d'ailleurs, et malgré les remontrances de son père (Hugo Weaving) pendant le dîner, il s'entête, et poursuit son envie. Edmond Ross suit donc ses traces lorsqu'il décide d'aller sur le champ de bataille. Rien ne l'obligeait pourtant, car il filait un parfait amour avec sa petite infirmière (Teresa Palmer), rencontrée en plein service, et avec qui, dès le début, le courant l'avait électrifié ; mais voilà, il veut se sentir utile, et ne pas profiter du sacrifice des autres. Décision prise.

Le camp militaire, le désert de Desmond Ross

C'est simple, il s'est mis tout le monde à dos, là-bas. Dès les premiers instants il affirme sa volonté de ne pas toucher une arme. "Pardon ? s'atterre le Sergent Howell (Vincent Vaughn)" Toutefois Desmond persiste : il ne touchera aucune arme. Strictement aucune. Moquerie et consternation fusent bien évidemment, et c'est tout à fait normal, car qui de normalement constitué rejoint les rangs militaires pour se former, s'entrainer et se déployer sur le champ de bataille sans vouloir toucher une arme, sans apprendre à manier cet engin de mort, sans appréhender le recul de la Springfield 1903, sans répéter et répéter les gestes de rechargement ? De la folie, du suicide, de l'absurde, de l'irresponsabilité, oui, son père, sa mère, son frère et sa future femme avaient tous raison : Edmond Ross est fou. Ce constat sera partagé par toute son unité qui, à mesure que les entrainements se passent, perçoit davantage la bêtise de cet apprenti soldat. En plus, il faut tout de même l'avouer, Andrew Garfield parait un peu bébête lors de cette partie du film, trop immature, trop neuneu, trop adulescent : il sourit pour rien, il parait peu confiant, et ne semble pas vraiment conscientiser qu'il se dirige, en l'état, droit vers la mort. Et cette dissonance entre ce funeste destin et son attitude ne renforce que plus ce contraste assez déconcertant et pour le spectateur, et pour son unité.

Bien sûr, il est convoqué dans le bureau de son Capitaine, le Capitaine Glover (Sam Worthington), mais là encore, rien ne semble le chagriner. Il persiste et signe : il ne s'entrainera pas au maniement de l'arme. Niet. Problème, il lui faut valider cette formation pour ensuite intégrer la formation qui fera de lui un infirmier, le but de son engagement. Après mûres réflexions, après le harcèlement et la violence physique, après la tribunal martial, le commandement se résigne, et décide de lui accorder cette permission inédite : il ira sur le front sans n'avoir jamais été formé aux armes.

Tu ne tueras point

Le voici sur la ligne de front, cette terrible, redoutée, infernale ligne de front tenue fermement par les japonais qui, embusqués, font vivre un véritable cauchemar aux troupes étatsuniennes : celles-ci en effet descendent de la colline aussitôt montées tant la férocité adverse est bestiale. Qui donc parviendra à prendre cette hauteur cruciale pour la pacification du lieu ? L'unité de Desmond Ross est en tout cas prévenue d'entrée de jeu : sitôt arrivée, des convois se suivent pour évacuer les corps ensanglantés, démembrés, troués par les rafales, les explosions, les baïonnettes.

Nous tairons la suite de cette deuxième partie du film qui est tout bonnement exceptionnelle ! Mel Gibson réalise là une réalisation magistrale, et confirme, s'il le fallait, qu'il est un réalisateur de renom, l'un des meilleurs de l'histoire du cinéma. Les scènes sonnent authentiques, la violence s'exacerbe sans fard, les hommes tombent un à un, le corp-à-corp fait rage, les grenades éclatent aux visages ou aux jambes, les mitrailleuses déchiquètent tout ce qui bouge, et les navires, au bord de la côte, canonnent la hauteur avant que l'assaut de l'infanterie américaine avance.

Mais Andrew Garfield dans tout cela ? Eh bien Andrew Garfield joue merveilleusement bien son rôle. Si au préalable il paraissait niais, il parait mûrir dans son rôle à mesure que les circonstances l'exigent. Il s'étoffe, court de blessés en blessés, panse, pique, garrotte, et secourt comme il peut, aussi vite qu'il peut, aussi bien que lui permettent ses forces, jusqu'au moment où l'inattendu prend place : alors que le combat semble perdu d'avance, alors qu'il n'est plus qu'avec lui et le Seigneur, il demande, éreinté, de l'aide, une lueur, une simple lueur pour le guider et lui fournir la force nécessaire pour continuer sa mission : sauver les soldats. Alors l'inexplicable prend forme, et il entend, tel Jeanne d'Arc avec l'archange Saint-Michel, Sainte Marguerite et Sainte Catherine, les voix de ceux qu'il doit secourir, de ceux qu'il doit ramener en terre alliée, de ceux qu'il doit rapatrier auprès de leurs familles. Alors porté par une croyance inébranlable, il s'élance, et se montre digne de son rang : il s'était engagé en ne voulant point tuer, alors tout en respectant cette volonté, il sauve autant d'âmes que possible. A la fin, il redonne espoir à tout son régiment, et c'est auréolé d'une aura céleste, mystique, qu'il prie pour leur salut, leur survie, leur victoire.

Mel Gibson et la foi

Qui mieux, à Hollywood, que Mel Gibson pour traiter d'un sujet aussi puissant et beau que celui de la foi ? Qui mieux que lui pour s'emparer d'une histoire vraie ô combien inspirante par sa finalité, mystérieuse par ses ressorts ? Qui mieux que Mel Gibson pour transposer sur grand écran l'histoire d'un soldat qui, sans atteindre sa majestuosité ni même sa sainteté - car elle était une envoyée de Dieu malgré ce que pouvaient penser les Anglais -, détient un côté Jeanne d'arc par son mysticisme ? Tout comme elle en effet, et dans une dimension beaucoup plus terrienne, il se croit missionné pour, non pas sauver la France de l'envahisseur, mais sauver les Etats-Unis d'Amérique de la menace nippone ; tout comme Jeanne d'Arc, il sanctifie la vie humaine, et décide de ne faire usage d'aucune arme ; tout comme Jeanne d'Arc, lorsqu'il croise un ennemi en position de faiblesse, il n'en profite pas, et se montre pacifique, l'épargnant ; tout comme Jeanne d'Arc, il fait du cinquième commandement une raison de vivre ; mais, à contrario d'elle, il est un objecteur de conscience quand elle est une stratège militaire, car c'est là, et cela n'enlève rien à son mérite, la différence majeure entre les deux : lui est humain, un instrument de Dieu, l'un de ses plus beaux sujets certes, qui plus est dans le théâtre du Diable, mais humain, quand Jeanne, quoiqu'humaine, était officiellement Son envoyée, Son épée, Son bouclier pour défendre la terre de Sa fille : la fille ainée de l'Eglise.

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