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Back to black, le biopic parfait sur Amy Winehouse ?

Au cours des dernières années, bon nombre de stars musicales ont eu droit à leur biopic. Ainsi pour Amy Winehouse, la légendaire chanteuse anglaise du début du millénaire. Son biopic est-il à son niveau ?

CINÉMA

6/12/20245 min read

amy winehouse dans le film back to black
amy winehouse dans le film back to black

Amy Winehouse, une âme mélancolique

Le titre l'indique : Back to black. Amy retourne, resombre, replonge dans le noir. Que connait-elle d'autre de toute manière que cette mélancolie de l'existence qui nourrit son quotidien, son art, ses albums ? Oh ! elle connait l'amour familial, ce qui est déjà une chose exceptionnelle ; elle aime par-dessus tout sa grand-mère, Cynthia ; et bien sûr, elle aime les conquêtes, elle aime les garçons, les mauvais garçons comme lui dit sa mamie, et elle les aime d'autant plus qu'en eux elle essaie de combler ce vide qu'elle n'arrive pas à exprimer autrement que par la chanson, autrement qu'en écrivant ses textes, qu'en grattant la guitare, qu'en se dodelinant lors de ses répétitions, qu'en essayant, réessayant ses compositions, qu'en enregistrant ses musiques au micro. Amy fait partie de ses artistes qui ont, malgré une bonne situation familiale et un certain confort matériel, un besoin, ils ne savent pas quoi exactement, mais un besoin d'exprimer ce qu'ils ressentent, ce qui les peinent, ce qui les angoissent, ce qui les rongent, ce qui les tuent. Pour certains, c'est le cinéma, le sport, la peinture, la littérature ; pour Amy, pour cette âme mélancolique, dotée d'une sensibilité artistique, c'est le chant, c'est la mélodie, c'est la musique.

Une réalisation trop sommaire, peu profonde

C'est là un point qui nous a chagrinés, pour être honnêtes. Oui, chagrinés car tout est fait pour rendre cette Amy Winehouse inintéressante, ou, à défaut, peu profonde, alors que tout le monde sait, fan ou pas fan, qu'elle était en proie à une dualité terrible en elle, qu'elle doutait, s'apeurait, angoissait, raison pour laquelle, entre autres, elle a sombré si férocement dans l'alcool et les stupéfiants. Là, c'est simple : quiconque ne connait pas son histoire, au moins dans les grands lignes, ne peut s'attacher à la chanteuse britannique. On n'a ni le temps (car tout est survolé, de ses premières chansons à son premier contrat pro, en passant par ses premiers concerts dans les pubs à la gloire), ni la disposition pour s'attacher à cette Amy Winehouse. Il y avait pourtant matière en plongeant dans son intimité, en questionnant son addiction, en confrontant Amy face à son ombre, proposer en tout cas une approche littéraire en somme, où le personnage se questionne sur son être profond, sur son rôle présent, sur sa trajectoire future, et ainsi permettre au spectateur, profane ou non, de mieux comprendre le destin d'Amy qui, à la fin du film, reste encore nébuleux.

On est peut-être exigeants, c'est vrai, et peut-être que l'idée de la réalisatrice, en l'occurrence Sam Taylor-Johnson, était de ne pas ternir plus que cela l'image déjà bien sombre que se trainait Amy à la fin de sa carrière - et en ce sens on comprend le parti pris ; toutefois on ne peut que regretter ce choix. On eût aimé voir les coulisses, voir l'essentiel de la vie d'Amy, c'est-à-dire assister, pas à pas, de sa création à sa chute tout en jonglant entre l'aspect glorieux et l'aspect ténébreux. Pour une telle artiste, les coulisses sont tout autant, si ce n'est plus importantes encore que le devant de la scène. Or là, en dehors de l'histoire d'amour entre elle et Blake (ce qui est fondamental dans son parcours), rien ne nous permet de vraiment s'attacher à elle : on le fait oui, par compassion, car Amy n'a rien de méchant, n'a rien de pompeux, mais force est de constater que si l'on s'attache, ce n'est que de notre propre ressort, car, du reste, le rendu du film nous renvoie une image d'elle assez trompeuse, puisqu'elle parait addict à son Blake, sans plus aucune force en dehors de lui, sans plus aucune motivation en dehors de lui alors qu'elle est une chanteuse internationalement reconnue, et que son art se nourrit justement de ses phases plus déprimantes. En fait, il faut le dire, la réalisation n'est pas du tout à l'image de la chanteuse : alors qu'elle était mélancolique, on nous la présente comme une nunuche ; alors qu'elle avait un fond rebelle, rock n roll, on nous la présente comme une gentille fille ; alors qu'elle avait un alcoolisme prononcé, on ne nous dit jamais pourquoi, pour quels motifs elle est devenue alcoolique, et pis, dans le film c'est de l'ordre de l'acquis, comme un cheveu sur la soupe ; bref, alors qu'Amy avait en elle une énergie épique, électrique, enivrante, la réalisation, elle, n'a rien de tout cela : au contraire, elle est trop fade, trop linéaire, trop sommaire.

Back to black, l'antithèse de Bohemian Rhapsody

L'antithèse, oui, on le dit clairement. Back to black ne met pas du tout en valeur le génie d'Amy Winehouse, ne met pas en avant sa sensibilité, sa patte, sa force, sa singularité, car, au visionnage du film, on a l'impression, si l'on ne la connait pas, qu'elle n'a existé que - que - pour son petit ami Blake, alors qu'elle était connue bien avant sa connaissance, et que cette romance n'a que plus contribué à sa légende. En bref, Back to black est l'antithèse de Bohemian Rhapsody car, à contrario de lui, il ne s'immisce pas profondément dans la vie du protagoniste ; à contrario de lui, ne semble pas avoir de fil conducteur tant tout est empilé presque à la va-vite, sans force particulière ; à contrario de lui, ne profite pas assez de la bande son pour faire ressortir les moments les plus épineux, les plus émotifs, les plus singuliers, car à contrario de lui, les concerts semblent de trop, filmés uniquement pour mettre à contribution cette bande son qui, sans cela, ne servirait à rien ; enfin, à contrario de lui, n'a pas un scénario organique, pas de boussole, pas une explosion des sens, des émotions, un bouquet final lors duquel, pour rendre hommage à Amy, on sent la grandeur, la communion entre l'artiste et la foule, entre la réalisatrice, l'actrice et le spectateur, cette symbiose indescriptible, et qui se passe d'ailleurs de mots tant elle est belle, magique, invisible. Alors qu'Amy en était joliment pourvue, ce qui manque cruellement à ce film, en définitive, c'est une âme qui transcende tout : la vie et la mort de la chanteuse, ses débâcles et ses joies, ses errances et ses émerveillements, sa descente aux enfers et sa renaissance. Oui, tout comme Freddie Mercury a été honoré, grandement honoré, Amy Winehouse méritait mieux, bien mieux tant ce biopic la rabaisse, et ne respecte pas sa grande histoire, une histoire qui eût pu être fascinante si seulement la réalisation eût été au niveau de l'inclassable Amy, de la mythique Amy qui restera pour toujours l'interprète du tout aussi inclassable Back to black.

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