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Pulp Fiction ou l'art de la fiction selon Tarantino

Deuxième film de sa carrière, comment Pulp Fiction a définitivement intronisé Quentin Tarantino comme l'un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération ?

CINÉMA

5/8/20244 min read

John Travolta et Samuel. L. Jackson dans Pulp Fiction, de Quentin Tarantino
John Travolta et Samuel. L. Jackson dans Pulp Fiction, de Quentin Tarantino

Tarantino revient à la charge deux ans après Reservoir dogs

Reservoir dogs avait déjà, pour un premier film, placé la barre assez haute : tension, rythme, acting, direction, tout y était pour deviner le talent du jeune réalisateur ; mais avec Pulp Fiction, il est vrai que le niveau hausse : Tarantino semble déjà avoir mûri, avoir fluidifié son style, sa narration, et maitrise sur le bout des doigts ce qui deviendra, selon l'anglicisme, un game changer.

Avec un casting encore plus sexy que sa première production, avec, ni plus ni moins, que John Travolta, Samuel. L. Jackson, Bruce Willis, Uma Thurman, Tim Roth, Christopher Walken ou encore Harvey Keitel, et avec, ni plus ni moins, que 213 millions de dollars générés au box office, Pulp Fiction est non seulement l'un des meilleurs succès commerciaux de Tarantino, mais assurément, dés sa sortie, un des meilleurs films de son année. Parmi la foultitude de récompenses glanées, voici les plus conséquentes : Palme d'or (1994), Oscar du meilleur scénario original (1995) et Golden Globe du meilleur scénario (1995).

Misirlou, de Dick Dale, en guise d'introduction

Dès le début, comme à chaque fois dans un film de Tarantino, nous sommes happés dans l'univers, dans l'ambiance, dans cette atmosphère propre au réalisateur. Ici, dans Pulp Fiction, c'est, comme son prédécesseur, dans un café restaurant que les personnages se présentent à nous. Ici, en l'occurrence, un couple qui, sur la banquette et autour d'un verre, se titille, se dit des mots d'amour, frétille d'avance quant à son plan, et, dans un dernier élan, dans un dernier "je t'aime", passe de la douceur à la brutalité : "Les mains en l'air, que plus personne ne bouge, bande de fils de... ! C'est un braquage, alors donnez-nous votre foutu pognon et tout se passera bien !" Et sur cette injonction, lancement du générique.

La narration, clé de voûte du génie de Tarantino

De là, transition avec les acteurs principaux du film : Vincent Vega (Travolta) et Jules Winnfield (Jackson). Dans une voiture écoutant la radio, ils se racontent des banalités, rigolent sur le nom du Big mac en France, et, entrant dans un immeuble, récupèrent, en hommes de mains qu'ils sont, l'argent que doivent des petits "branleurs" à leur chef, Marsellus Wallace (Ving Rhames). Tranquillement, Winnfield, en rien impressionné par cette démonstration de force qui, chez lui, est routinière, se joue de l'inexpérience de sa proie, croque dans son hamburger, boit à la paille, et tandis que son acolyte Vincent fouille les placards, ne manquant pas de jeter un petit œil dans le frigo, il accentue la pression. A la fin, ça dégénère, mais la mission est remplie.

Mais là n'est pas l'importance de décrire, scène par scène, le long métrage ; l'importance, ici, est tout autre : appuyer et féliciter ce qui fera la marque de fabrique de Quentin Tarantino : la narration. Pulp Fiction est particulier. Outre l'introduction, il se découpe en trois grandes parties : la première, présentation des tueurs à gage du gros bonnet Marsellus, lequel charge Vincent de s'occuper de sa femme cocaïnée (ce qui fera, par la même occasion, l'un des plus grands memes de l'histoire) ; la deuxième, apparition de Butch Coolidge (Bruce Willis), boxeur en fin de carrière qui, amoureux de sa donzelle et ne roulant pas sur l'or, se voit pris dans un traquenard monumental ; troisième et dernière partie enfin, revoyure des deux comparses Vincent et Jules.

Jusque-là rien de phénoménal, nous diriez-vous, or détrompez-vous : dans Pulp Fiction, ces trois parties, bien qu'indépendantes par leurs histoires et leurs enjeux, s'entremêlent et s'entrecroisent, faisant de chaque personnage non pas un simple figurant, mais presque un citoyen à part entière, comme si, à leur place, ç'eût pu être n'importe qui d'entre nous. Evidemment, les actions du deuxième acte ont un impact irréversible sur la finalité du film, mais tout prend sens dans le suivant : Vincent et Jules reprennent leur aventure laissés en suspens à la fin du premier acte, et faisant face à une terrible déconvenue, et se réfugiant chez une connaissance (un guest-star, devinez qui ?), ils décompressent dans un café restaurant, à l'intérieur duquel ils parlent de l'avenir, de la reconversion de Jules, jusqu'au moment où... Misirlou.

Chronologiquement, Pulp Fiction présente une approche complexe : la première partie fait volontairement l'impasse sur des mystères révélés lors de la troisième et dernière partie qui, en réalité, se situe, temporellement, au tout début du film ; la deuxième, elle, est la véritable fin du script, mais Tarantino ne voulant certainement pas clôturer son projet sur note négative, il a eu la géniale idée de brouiller les pistes, et de scinder la première partie en deux, de sorte que tout prend de l'ampleur au générique final. Un sentiment de gratification nous pousse à réordonner nous-même le fil conducteur, à choisir la fin qui nous convient le mieux, et, finalement, à nous impliquer une seconde fois dans le film.

Une couronne à 213millions de dollars

Pulp Fiction a marqué, a inconditionnellement marqué une génération de cinéphile, autant pour sa talentueuse direction que sa narration ficelée aux petits oignons ; mais s'il y en a bien un qui, indéniablement, s'est imposé comme le prince de sa génération, c'est Quentin Tarantino. En alliant la musique, les plans, les décors et la sensibilité des caractères, il nous propose un rendu à la fois captivant et mémorable, où tour à tour Vincent, Jules, Mia, Marsellus, Butch ou Winston nous racontent leurs délires, leurs désirs, leurs aspirations, leurs déceptions, et se confient à nous sous-couvert de se confier à leur interlocuteur de fiction. C'est là un film hautement littéraire, mais, comme chaque fois désormais avec Tarantino, on s'y habituera, se régalant d'avance pour les friands de cette technique narrative ou se désolant d'avance pour ceux dont les dialogues paraissent trop longs et les scènes trop longuettes. Nous, en tout cas, on adore. Un peu de musique pour fêter ça ?

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