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Batman : The Dark Knight Rises

Bouquet final de la trilogie de Christopher Nolan, Batman : The Dark Knight Rises est le plus long des trois films. Sa longueur est-elle justifiée ? et surtout, le point final est-il convenable ?

CINÉMA

7/31/20245 min read

Bane, Batman et Catwoman dans Batman The Dark Knight Rises
Bane, Batman et Catwoman dans Batman The Dark Knight Rises

Batman : The Dark Knight Rises

Monumental ! Tel est l'adjectif qui lui sied le mieux. Oui, Batman : The Dark Knight Rises est monumental, de loin le meilleur de la trilogie. Pourquoi ? Car c'est, de loin, le plus profond des trois, celui où le héros, autrefois au sommet, tombe au plus bas : ruiné, déchu, impopulaire, dénué de moyens technologiques, privé de tout soutien, abandonné de ses proches, Alfred compris - si, si, c'est possible -, Bruce Wayne est dans l'obligation de se renouveler. Mais comment se renouveler avec les terribles douleurs que lui infligent les séquelles que Ra's al Ghul, l'Epouvantail, le Joker, Double-Face ont gravées sur sa peau, en ses muscles ? C'est, dans ce dernier volet, un Bruce Wayne brisé, isolé, fantomatique, fantasmé par le public en raison de ses huit ans d'absence. Il ne vit plus que dans l'attente, et n'espère plus rien, comme lui déclare, larme à l'œil, son majordome Alfred. Il a perdu Rachel, Harvey Dent, n'a toujours pas recousu la plaie de la disparation de ses parents, et ne vit que de cette manière, en ermite, reclus dans son manoir.

Mais voilà, la vie est cruelle, injuste, parfois terriblement farceuse. Alors qu'il était au sommet dans les précédents films, affrontant de redoutables adversaires, coriaces, rusés, machiavéliques il est vrai, mais physiquement à sa portée, voilà qu'émerge, des tréfonds d'un puit, une boule, une sorte d'homme-machine, une masse musculaire terrifiante, et bien plus terrifiant encore par sa froideur émotionnelle, par le désespoir qui, au-delà de l'habiter, lui appartient. Cette menace, cette ombre, ce colosse qui surgit de nulle part, est un agent de destruction. Alors que le Joker se jouait de Batman et de Gotham pour répandre le chaos et la malice, s'amusant par avance de voir tout ce beau monde devenir fou devant lui, cet agent, lui, veut, en plus du chaos, apporter la destruction, raser les innombrables buildings de Gotham, éradiquer ses habitants, et briser le justicier masqué.

Le briser, il le fait au sens propre comme au sens figuré. D'abord, dans un combat singulier - bien que Catwoman ait bien aidé -, il démontre à Batman à quel point il est fini, dépassé, périmé, lui assénant des coups dévastateurs à ses points vitaux. Bruce, déjà bien affaibli, encaisse, se défend tant bien que mal, et, désemparé, use de tous les stratagèmes pour dissuader son adversaire, y compris du "théâtral" comme lui a enseigné son mentor Ra's al Ghul, et y compris de l'obscurité, comme lui ont enseigné les chauve-souris. Mais si cela fonctionne auprès des "non-initiés", comme se moque Bane, cela n'est pas suffisant, mais alors pas du tout suffisant pour contrer les techniques de combat de ce dernier, qui, comme il lui déclare, ne paniquant pas, solide sur ses appuis, a, lui, Bruce Wayne, "adopté l'obscurité", quand, lui justement, "a grandi en elle". Voilà la mentalité du méchant de ce The Dark Knight Rises. Comment bloquer un tel monstre qui a fait de la destruction sa partenaire ? comment l'intimider ? comment l'empêcher de mener à bien son plan destructeur ?

La réponse est simple : en se renouvelant. Et mieux que de se renouveler, en se transcendant. Oui, pour neutraliser Bane, Bruce Wayne, affaibli, démoralisé, brisé au propre comme au figuré, une vertèbre de décalée, doit, dans le puit natal de son opposant, soit se résoudre et assister, alité, à la destruction de Gotham sur son lit de mort, soit se révolter, se relever, trouver un sens à sa souffrance, et bientôt un exutoire lors de son évasion. Toute cette phase où, simultanément, Gotham tombe en ruines sous l'impulsion de Bane tout en nous montrant Bruce Wayne s'entrainer, échouer, se relever, réessayer, est mythique. Mythique ! La juxtaposition des points de vue, l'intensité musicale, la profondeur du message - dans lequel le héros, presque divinisé dans les deux premiers volets, est ici réduit à néant, relégué à sa condition d'homme, et dans lequel, s'il veut réussir, il devra purger sa souffrance dans une idée fixe comme dirait Dostoïevski, et la transformer en lumière - sont, une fois de plus, mythiques ! C'est du grand art, du grand Nolan, du grand Hans Zimmer ; du grand cinéma.

Batman : The Dark Knight Rises, le plus épique de la trilogie

De loin, mais alors de très très loin le plus épique des trois. Déjà, il a l'avantage d'être en bout de piste, et donc, cela va de soi, de porter sur ses épaules les enjeux passés des précédents volets ; et même si Bane n'est pas aussi impressionnant que le Joker - chose paradoxale quand on sait la gabarit qu'est le sien -, il est toutefois convaincant, oppressant ; ensuite, c'est, musicalement, le triomphe de Hans Zimmer qui, solo cette fois, sans James Newton Howard, fournit une bande son tout aussi mythique que le film ; enfin, c'est un Christopher Nolan au sommet de son art ; un Christopher Nolan qui, s'étant approprié le Batman des DC comics, parachève sa trilogie sur une note épique, profonde, philosophique ; un Christopher Nolan qui a dû s'adapter à la disparition tragique d'Heath Ledger avec qui il prévoyait de tourner dans ce troisième opus ; mais un Christopher Nolan qui, nous devons le rappeler, pond, entre deux chef-d'œuvres - coucou Inception et Interstellar -, un autre chef-d'œuvre non seulement de sa filmographie, mais du cinéma, au moins, de ce début de siècle. Comment, donc, ne pas être satisfait des événements, de cette conclusion ? Et non seulement d'être satisfaits, comment ne pas être épatés quand Bruce Wayne, lui qui rêvait de se venger au début, de rendre justice au milieu, parvient, à la fin, à tuer le héros en lui tout en le laissant vivant dans l'imaginaire collectif de Gotham, inspirant la relève qui, à son tour, défendra la ville contre les criminels ?

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Bane et le tribunal révolutionnaire

C'est là un point qui nous a interpellés lors de notre revisionnage. En effet, trop petits encore pour percevoir cet héritage lorsqu'il est sorti en salles en 2012, il nous est aujourd'hui flagrant de constater que Bane, lors de son intronisation à Gotham, déclame un discours des plus démagogiques au peuple de la ville, prétendant les aimer, les chérir pour mieux se les aliéner, alors qu'il ne rêve que d'une seule chose : leur mort. Il prononce de belles paroles, radieuses de prime abord, mais terriblement inversées quand on connait les coulisses de ses vues. Il instaure un couvre-feu, interdit à tous de sortir de leurs domiciles, conseille à tous de se réunir auprès de leurs familles pendant que lui, le grand Sauveur, le Bienfaiteur, le grand Frère du peuple, veille sur lui, le protège tout en insufflant un climat de terreur dans les rues de Gotham. La comparaison avec Robespierre n'est donc, sur ce point, absolument pas volée quand on sait quel mal a fait le premier, et quelle néfaste influence a-t-il eu pendant la Révolution, se jouant du peuple français comme un bélier afin de sauvegarder les acquis révolutionnaires, quitte à favoriser le régicide, le fratricide, la bestialité, l'anthropophagie. Et tout comme Robespierre, Bane structure une sorte de Salut de Comité public, dans lequel, pour lessiver les dissidents, les trouble-fêtes, un Tribunal révolutionnaire est mis sur pied, présidé, devinez par qui ? (Surprise). Et, tout comme l'adorateur de l'Etre suprême, Bane s'appuie sur la perversion du langage, où la supposée lumière porte le nom de libération, tout comme en 1789 les Lumières arguaient le slogan de la liberté, de la fraternité et de l'égalité alors qu'en profondeur se cachait une bombe qui, chez Bane, s'appelle anéantissement, et esclavagisme chez les philosophes.

Allez, trêve de blablas : regardez plutôt.

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