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Dunkerque : un Nolan peu inspiré ?

Sorti en 2017 entre Interstellar et Tenet, Dunkerque ne donne pas l'impression d'une transcendance, comme si Christopher Nolan, lors de sa réalisation, l'avait subi, peu imaginé, peu travaillé. Pourquoi cet effet ?

CINÉMA

5/22/20244 min read

Dunkerque, une histoire vraie

On ne présente plus Christopher Nolan et sa filmographie. Cependant Dunkerque est, bien que connu, l'un de ses moins populaires. Présentation.

C'est lors de la Seconde guerre mondiale, en 1940, que les Anglais, bloqués sur les plages du Nord, sont sans secours. Acculés en cette ville aux côtés des alliés français, avec qui l'entente, comme un lien historique, n'est pas au beau fixe, les troupes britanniques visent à s'extraire de ce calvaire qui, sinon, s'avérerait létal. En effet des chasseurs allemands survolent les environs et canardent les plages, les boulevards, les espaces dégagés grâce auxquels ils peuvent faire un carnage, mitrailler les soldats et bombarder leurs campements, leurs ravitaillements, leurs véhicules. Comment procéder, donc ? Comme seule échappatoire, les généraux anglais ne voient rien de mieux que d'organiser une opération. Quelle opération, pardi ?

L'Opération Dynamo, une exfiltration sous le feu ennemi

Pour retourner au bercail, pour retrouver la mère patrie, cette belle et paisible île, pour réembrasser la famille, la femme, les enfants et regoûter à la douceur de vivre, loin des canardements, des massacres, des mitrailleuses et des démembrements, il faut avant tout s'extraire de Dunkerque. Mission impossible sur le papier, car c'est avec très peu de moyens qu'est envisagé ce scénario. L'infanterie, laissée à elle-même, est entassée, à découvert, sans issue, sans marche arrière ; les rares troupes qui ont réussi à embarquer sont déjà loin ou noyées par les avions nazis ; et les pilotes britanniques qui essaient, vaille que vaille, de contenir la puissance aérienne allemande, ne se comptent que sur les doigts de la main : une patrouille de seulement quatre, cinq avions supplée les unités terriennes.

C'est ainsi que le film se découpe en plusieurs points de vue : le premier, principal, suit deux soldats, Alex (Harry Styles) et Tommy (Fion Whitehead) ; le second s'intéresse à la dérive, c'est le cas de le dire, d'un naufragé dénommé Shivering (Cillian Murphy) ; enfin le troisième s'envole dans le cockpit d'un spitfire (Tom Hardy). Les trois points de vue se complètent, offrent différentes perspectives, à différents lieux, sur les événements en cours, mais, malgré cela, on se sent, nous, spectateur, à l'instar d'Alex et Tommy, invisible ; à l'instar de Shivering, abandonné ; à l'instar de l'aviateur, en rade. Pourquoi cette sensation de stagnation, d'ennui, de lenteur ?

Un scénario plus que perfectible

Croyez-nous, cela nous écorche de devoir le dire, vraiment, mais Dunkerque est l'un des seuls Nolan, avec Tenet (quoique son écriture soit plus riche), à nous laisser un goût d'inachevé. Bien que l'image soit superbe, d'une qualité irréprochable et que la musique composée par la maestro Hans Zimmer est au niveau, l'histoire, elle, reste trop faiblarde. Alors oui c'est une histoire vraie, et, en tant que telle, Christopher Nolan ne pouvait pas bricoler et pendre ses aises, on est entièrement d'accord là-dessus ; mais, bon sang, avec un tel casting, une telle image, une telle musique et un tel sujet, il y avait là à faire beaucoup mieux !

Pour la faire courte, Cillian Murphy ne sert strictement à rien à part être traumatisé ; Tom Hardy n'a aucun enjeu, aucun rebondissement, aucun intérêt à suivre si ce n'est pour varier le paysage et l'intensité des combats, mais en dehors de tout cela, rien n'est franchement palpitant dans Dunkerque. Les personnages nous sont indifférents, froids, lointains, et alors que le film ne dure que deux heures, on a plutôt l'impression qu'il s'éternise sur une saison entière. La musique, comme souvent chez Nolan, est omniprésente, et semble même apporter de la tension là où, en vérité, se devraient être aux canons, aux frégates et aux fusils de le faire. Du reste, nous n'en dirons pas plus, car d'abord la gêne nous oblige à nous arrêter ici : Christopher Nolan est l'un de nos réalisateurs favoris, et même si nous parlons d'un film ayant remporté trois Oscars, il nous peine d'en dire du mal ; ensuite nous préférons ne pas vous influencer, et vous laisser une libre interprétation.

La déception Dunkerque

Entre 1917 et Dunkerque, il n'y a même pas match. Oui on est catégoriques, mais c'est pourtant bien la réalité : l'un performe dans le genre, l'autre le subit ; l'un immerge totalement le spectateur dans l'ambiance de 14-18, l'autre n'effleure qu'à peine un semblant d'immersion en 39-45 ; l'un démontre la solitude du soldat, l'horreur, la désolation des paysages, l'angoisse constante, l'autre reste dans le sommaire, le déjà vu, sans spectacularité ; l'un, enfin, nous en met plein les mirettes et par le récit haletant, et par le décor, et par la musique et la photographie, l'autre n'a que les deux dernières pour nous maintenir en haleine, pour accentuer la tension que les enjeux du film sont incapables de provoquer. Dunkerque est à voir bien sûr, c'est du Nolan tout de même, et, à la guitare, c'est du Hans Zimmer, donc rien que pour cela il mérite d'être visionné au moins une fois, mais c'est sûr qu'entre Dunkerque et Oppenheimer, on se demande si c'est là le même réalisateur tant tout, au-delà du genre, semble les distinguer. Nous en tout cas, on a bien notre opinion : l'inspiration. En fin de compte, c'est peut-être là le plus gros point faible de Dunkerque : Nolan se serait-il forcé à le réaliser ?

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